5. Maria Gabriella ADAMO, Le Songe de Poliphile de J.-G. Legrand (1804) : traduction-mutation au seuil du XIXe siècle, « Studi comparatistici », 2, Moncalieri, SICL, 2007, pp. 11-33. La « traduction libre » de l’Hypnerotomachia Poliphili (1499), parue en 1804 par l’architecte J.-G. Legrand, marque un tournant dans le long parcours de la réception française du texte manutien attribué à Francesco Colonna. Cette version paraissait plus de deux siècles après la translatio de 1546, éditée en 1546 chez Kerver par Jean Martin, ‘reviseur’ d’une traduction précédente restée anonyme : malgré des modifications linguistiques et textuelles très répandues, cette édition présentait, tout comme l’éditio princeps, des magnifiques xilographies , à leur tour anonymes. La version de Legrand , issue du retour néo-classique de l’Antiquité caractérisant la fin du XVIIIe siècle, aboutit à modifier radicalement le double statut iconique-verbal du texte original et ses structures linguistiques, rhétoriques, conceptuelles. Notamment, l’appareil allégorique s’éclaircit, devenant surtout fonctionnel à l’histoire d’une quête amoureuse entraînant Poliphile et la Nymphe Polia. Pourtant, Legrand a réinséré les paratextes de l’original, non plus retenus dans les éditions françaises. En outre, sa traduction fonde une ‘lecture’ moderne de l’oeuvre de Colonna, qui modifie profondément les modes d’interprétation propres à la culture de l’Humanisme et de la Renaissance. Elle relance donc l’incunable manutien , rejoignant un nouveau type de Lecteur dans une période marquée par le passage vers le premier romantisme. Ainsi, la version de 1804 aura-t-elle une postérité romantique, en particulier par Nodier et Nerval . Mais la réécriture de l’auteur du Voyage en Orient dépassera l’adaptation de Legrand : par une culture littéraire relevant du néo-platonisme et de l’ésotérisme, Nerval semblera rejoindre les origines mêmes du grand Livre de Colonna en créant, à son tour, une écriture hiéroglyphique et polysémique, sous le signe du mythe, qui aura son devenir dans la poésie moderne.

Le "Songe de Poliphile" de J.-G. Legrand (1804): traduction-mutation au seuil du XiXe siècle.

ADAMO, Maria Gab
2008-01-01

Abstract

5. Maria Gabriella ADAMO, Le Songe de Poliphile de J.-G. Legrand (1804) : traduction-mutation au seuil du XIXe siècle, « Studi comparatistici », 2, Moncalieri, SICL, 2007, pp. 11-33. La « traduction libre » de l’Hypnerotomachia Poliphili (1499), parue en 1804 par l’architecte J.-G. Legrand, marque un tournant dans le long parcours de la réception française du texte manutien attribué à Francesco Colonna. Cette version paraissait plus de deux siècles après la translatio de 1546, éditée en 1546 chez Kerver par Jean Martin, ‘reviseur’ d’une traduction précédente restée anonyme : malgré des modifications linguistiques et textuelles très répandues, cette édition présentait, tout comme l’éditio princeps, des magnifiques xilographies , à leur tour anonymes. La version de Legrand , issue du retour néo-classique de l’Antiquité caractérisant la fin du XVIIIe siècle, aboutit à modifier radicalement le double statut iconique-verbal du texte original et ses structures linguistiques, rhétoriques, conceptuelles. Notamment, l’appareil allégorique s’éclaircit, devenant surtout fonctionnel à l’histoire d’une quête amoureuse entraînant Poliphile et la Nymphe Polia. Pourtant, Legrand a réinséré les paratextes de l’original, non plus retenus dans les éditions françaises. En outre, sa traduction fonde une ‘lecture’ moderne de l’oeuvre de Colonna, qui modifie profondément les modes d’interprétation propres à la culture de l’Humanisme et de la Renaissance. Elle relance donc l’incunable manutien , rejoignant un nouveau type de Lecteur dans une période marquée par le passage vers le premier romantisme. Ainsi, la version de 1804 aura-t-elle une postérité romantique, en particulier par Nodier et Nerval . Mais la réécriture de l’auteur du Voyage en Orient dépassera l’adaptation de Legrand : par une culture littéraire relevant du néo-platonisme et de l’ésotérisme, Nerval semblera rejoindre les origines mêmes du grand Livre de Colonna en créant, à son tour, une écriture hiéroglyphique et polysémique, sous le signe du mythe, qui aura son devenir dans la poésie moderne.
2008
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