Nous sommes à peine au début d’une nouvelle ère historique et culturelle et les prodromes du grand bouleversement sont déjà présents, même si, à l’apparence, tout semble immobile, figé en une sorte d’agonie stagnante des esprits. Nous sommes vers 1714, à la fin du règne de Louis XIV, et dans cette atmosphère bigote, silencieuse et sombre, dense de représailles, peurs et inquiétudes, une voix cultivée s’élève et c’est la voix de Fénelon (1651-1715) et sa lettre emblématique, envoyée à l’Académie française, dans laquelle il invite les académiciens à faire attention aux conditions de misère et de pauvreté dans lesquelles est réduite la langue française. Les excès de bienséance et de purisme presque fanatique ont appauvri la langue et Fénelon constate que le français, langue des grands auteurs classiques est en train de mourir. Aussi encourage-t-il la création de néologismes, et conseille de cesser d’interdire. Et il sera écouté par l’abbé Girard qui publiera, en 1718, le premier dictionnaire des synonymes La justesse de la langue françoise, que toute l’Europe partagera, contribuant ainsi à la naissance d’une nouvelle mode omniprésente dans les salons européens ainsi que la traduction et le lancement de recueils synonymiques un peu partout. En 1786, un autre abbé, Pierre-Joseph-André Roubaud, publiera à son tour un dictionnaire des synonymes, en s’inspirant des éditions de Girard et de ses « descendants », parmi lesquels principalement le dictionnaire de Beauzée, Synonymes françois, publié à Paris en 1769, réimpression de l’édition girardienne augmentée de 1760 (après les éditions de 1736 et 1740). L’œuvre phare de Roubaud sera republiée, en 1796, en quatre volumes Nouveaux synonymes français Ayant choisi deux groupes synonymiques et partant de la Justesse de 1718 et de l’édition suivante de 1736, nous avons analysé leurs items en les comparant avec ceux que Roubaud a insérés dans son édition de 1796, cherchant à mettre en évidence le rapport de conflit entre les deux synonymistes, leurs particularités, leurs ressemblances et leurs différences.

Naissance et renaissance synonymique : les deux abbés Girard et Roubaud

Corona, R
2018-01-01

Abstract

Nous sommes à peine au début d’une nouvelle ère historique et culturelle et les prodromes du grand bouleversement sont déjà présents, même si, à l’apparence, tout semble immobile, figé en une sorte d’agonie stagnante des esprits. Nous sommes vers 1714, à la fin du règne de Louis XIV, et dans cette atmosphère bigote, silencieuse et sombre, dense de représailles, peurs et inquiétudes, une voix cultivée s’élève et c’est la voix de Fénelon (1651-1715) et sa lettre emblématique, envoyée à l’Académie française, dans laquelle il invite les académiciens à faire attention aux conditions de misère et de pauvreté dans lesquelles est réduite la langue française. Les excès de bienséance et de purisme presque fanatique ont appauvri la langue et Fénelon constate que le français, langue des grands auteurs classiques est en train de mourir. Aussi encourage-t-il la création de néologismes, et conseille de cesser d’interdire. Et il sera écouté par l’abbé Girard qui publiera, en 1718, le premier dictionnaire des synonymes La justesse de la langue françoise, que toute l’Europe partagera, contribuant ainsi à la naissance d’une nouvelle mode omniprésente dans les salons européens ainsi que la traduction et le lancement de recueils synonymiques un peu partout. En 1786, un autre abbé, Pierre-Joseph-André Roubaud, publiera à son tour un dictionnaire des synonymes, en s’inspirant des éditions de Girard et de ses « descendants », parmi lesquels principalement le dictionnaire de Beauzée, Synonymes françois, publié à Paris en 1769, réimpression de l’édition girardienne augmentée de 1760 (après les éditions de 1736 et 1740). L’œuvre phare de Roubaud sera republiée, en 1796, en quatre volumes Nouveaux synonymes français Ayant choisi deux groupes synonymiques et partant de la Justesse de 1718 et de l’édition suivante de 1736, nous avons analysé leurs items en les comparant avec ceux que Roubaud a insérés dans son édition de 1796, cherchant à mettre en évidence le rapport de conflit entre les deux synonymistes, leurs particularités, leurs ressemblances et leurs différences.
2018
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