Maîtres du temps. Poétiques de l’appartenance et manipulation du passé en Sicile orientale

Dans cet essai j’analyse les pratiques « archéologiques » de certains pilleurs de tombe et faussaires qui vivent dans une petite ville de la Sicile orientale, Catalfàro, où j’ai vécu du printemps 1995 à l’automne 1997. Considérant la dimension poétique 1 de leur agir « archéologique », je m’attache à mieux comprendre les « régimes d’historicité 2 » dans lesquelles ils agissent ; et à saisir, de cette manière, les modalités selon lesquelles ils produisent / montrent / contestent des niveaux différents, mais connectés, d’appartenance sociale et politique. J’espère, aussi, soit d’éclairer certains traits constitutifs de l’espace public (local, régional et national : son caractère polémologique et segmentaire), soit de mieux comprendre l’« économie morale 3 », et donc les conceptions du « soi » et de l’« agency », auxquelles les pratiques de ces hommes (mâles) donnent corps