Comme beaucoup de chercheurs l’ont démontré, l’"Histoire des deux Indes" est, de par sa vocation, un texte magmatique, dans lequel se font entendre les croyances de l’auteur, à travers des projections (linguistiques et fictionnelles) prêtes à montrer le chemin à prendre ou, encore, les principes à valider. Ces projections, qui plus est, sont investies de fonctions spécifiques : en se servant des appuis de l’éloquence, elles parasitent le récit et en définissent le but ; par ce biais, enfin, elles confèrent au discours une épaisseur argumentative, une dimension idéologique qui influence le lecteur. La voix du narrateur se trouve dès lors amplifiée, renforcée, irradiée, par une série d’« épiphanies » qui appellent au décryptage. Attentif aux informations que tout cela peut livrer sur l’œuvre de Raynal, cet article examine l’itinéraire que trace, dans l’Histoire des deux Indes, la posture énonciative du philosophe (attribuable tantôt à l’abbé tantôt à Diderot), en interrogeant ses réémergences dans les portraits de l’Européen et du Sauvage (à entendre, ce dernier, dans le sens d’habitant du Nouveau Monde). Plus fictives que réelles, ces figures permettent à l’écrivain, ou plutôt aux écrivains, de méditer sur l’Histoire, tout en passant du fait narré à son interprétation, du récit historique à sa réception morale et philosophique.
Le Philosophe, l'Européen et le Sauvage
Pierino Gallo
2021-01-01
Abstract
Comme beaucoup de chercheurs l’ont démontré, l’"Histoire des deux Indes" est, de par sa vocation, un texte magmatique, dans lequel se font entendre les croyances de l’auteur, à travers des projections (linguistiques et fictionnelles) prêtes à montrer le chemin à prendre ou, encore, les principes à valider. Ces projections, qui plus est, sont investies de fonctions spécifiques : en se servant des appuis de l’éloquence, elles parasitent le récit et en définissent le but ; par ce biais, enfin, elles confèrent au discours une épaisseur argumentative, une dimension idéologique qui influence le lecteur. La voix du narrateur se trouve dès lors amplifiée, renforcée, irradiée, par une série d’« épiphanies » qui appellent au décryptage. Attentif aux informations que tout cela peut livrer sur l’œuvre de Raynal, cet article examine l’itinéraire que trace, dans l’Histoire des deux Indes, la posture énonciative du philosophe (attribuable tantôt à l’abbé tantôt à Diderot), en interrogeant ses réémergences dans les portraits de l’Européen et du Sauvage (à entendre, ce dernier, dans le sens d’habitant du Nouveau Monde). Plus fictives que réelles, ces figures permettent à l’écrivain, ou plutôt aux écrivains, de méditer sur l’Histoire, tout en passant du fait narré à son interprétation, du récit historique à sa réception morale et philosophique.Pubblicazioni consigliate
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