L’éloge du silence – c’est-à-dire de la vertu du σιωπᾶν – figurait parmi les thèmes discutés dans le Miltiade d’Eschine de Sphettos. À partir d’une étude de ce motif, on s'interroge sur la présence possible dans le dialogue d’une polémique anti-sophistique et plus spécifiquement anti-éristique. Dans la première partie, l'analyse porte sur deux textes qui attestent du traitement de ce thème dans l’oeuvre d’Eschine : un fragment conservé par Stobée (II, 31, 23) et un témoignage essentiel de Plutarque dans le De recta ratione audiendi (4, 39b-c). On procède ensuite à l’examen de certains parallèles textuels qui permettent de relier le dialogue d’Eschine à d’autres oeuvres au-delà de la littérature socratique. Une attention particulière est accordée aux références explicites au thème de la vertu de silence qu’on peut trouver dans la République des Lacédémoniens de Xénophon (III, 5) et dans le Busiris d’Isocrate (28-29). Dans cette section, on examine brièvement les allusions à ce thème qu’on peut retrouver dans la littérature, en particulier dans la poésie tragique, et dans la philosophie présocratique, où le σιωπᾶν est présenté avant tout comme une vertu féminine. Toutefois, c’est la comparaison avec le Protagoras de Platon qui permet de lire le motif de la vertu de silence dans le dialogue d’Eschine dans une perspective anti-éristique : à partir de l’analyse de la section 329b du dialogue platonicien, en parallèle avec le témoignage de Plutarque, on proposera et discutera l’hypothèse d'une telle polémique chez Eschine.
L’éloge du silence: une polémique anti-éristique chez Eschine?
Francesca Pentassuglio
2021-01-01
Abstract
L’éloge du silence – c’est-à-dire de la vertu du σιωπᾶν – figurait parmi les thèmes discutés dans le Miltiade d’Eschine de Sphettos. À partir d’une étude de ce motif, on s'interroge sur la présence possible dans le dialogue d’une polémique anti-sophistique et plus spécifiquement anti-éristique. Dans la première partie, l'analyse porte sur deux textes qui attestent du traitement de ce thème dans l’oeuvre d’Eschine : un fragment conservé par Stobée (II, 31, 23) et un témoignage essentiel de Plutarque dans le De recta ratione audiendi (4, 39b-c). On procède ensuite à l’examen de certains parallèles textuels qui permettent de relier le dialogue d’Eschine à d’autres oeuvres au-delà de la littérature socratique. Une attention particulière est accordée aux références explicites au thème de la vertu de silence qu’on peut trouver dans la République des Lacédémoniens de Xénophon (III, 5) et dans le Busiris d’Isocrate (28-29). Dans cette section, on examine brièvement les allusions à ce thème qu’on peut retrouver dans la littérature, en particulier dans la poésie tragique, et dans la philosophie présocratique, où le σιωπᾶν est présenté avant tout comme une vertu féminine. Toutefois, c’est la comparaison avec le Protagoras de Platon qui permet de lire le motif de la vertu de silence dans le dialogue d’Eschine dans une perspective anti-éristique : à partir de l’analyse de la section 329b du dialogue platonicien, en parallèle avec le témoignage de Plutarque, on proposera et discutera l’hypothèse d'une telle polémique chez Eschine.Pubblicazioni consigliate
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