Placé dans la bouche et destiné à discerner et à évaluer les saveurs des aliments, le goût est un élément de nos sensoriel, en général associé plus directement aux appétits des animaux et à la sphère de la subjectivité, et donc, considéré imprécis et étranger à la connaissance et au savoir abstrait, et inévitablement, “ désincarné ” de la philosophie. Impopulaire chez les philosophes pour son caractère fuyant, intime et faiblement partageable, qui le caractérise, le goût a été relégué au rang de sens “ mineur ” (une marginalisation qui remonte au moins à Platon et Aristote ). Bien qu’évalué par une culture basée forcément sur le visuel et l’acoustique et bien qu’exclu de la recherche théorétique et du débat épistémologique sur la perception sensorielle, aussi pour son excessive compromission avec les plaisirs charnels et l’affectivité, le goût réussit toutefois à réaliser au sein de notre vie quotidienne, un équilibre tellement parfait entre corps et esprit, besoin et désir, plaisir et connaissance qu’il en devient un objet d’intérêt philosophique et plus spécialement d’intérêt philosophique-linguistique, et encore plus généralement, cognitif (pour un développement plus approfondi sur la valeur cognitive du goût, cf. Cavalieri 2011). S’occuper de questions relatives au goût signifie aussi pratiquer une philosophie fondée sur le corps vivant et sensitif : en somme, une philosophie incarnée. Acte “ extrême ” de la connaissance, enraciné dans l’expérience corporelle, grâce auquel un sujet peut totalement assimiler un objet externe (la chose goûtée) jusqu’à ce qu’il devienne partie de lui, le goût est du reste, l’unique sens à exiger l’introduction en nous de particules du monde (cf. Le Breton 2006, chp. 8). C’est aussi la seule expérience sensorielle où sujet et objet sont transformés. Même si, sur le plan extrascientifique, le goût et les activités qui lui sont liées (manger, boire, déguster, cuisiner) peuvent sembler des sujets de discussions frivoles ou banales, ils permettent d’observer d’un point de vue insolite, des aspects de notre humanité où le langage occupe une position nullement secondaire et nous assure un accès à la connaissance du monde, absolument unique et spécifiquement humain.

La linguisticitè du goût et la saveur dans les mots

Cavalieri, Rosalia
2016-01-01

Abstract

Placé dans la bouche et destiné à discerner et à évaluer les saveurs des aliments, le goût est un élément de nos sensoriel, en général associé plus directement aux appétits des animaux et à la sphère de la subjectivité, et donc, considéré imprécis et étranger à la connaissance et au savoir abstrait, et inévitablement, “ désincarné ” de la philosophie. Impopulaire chez les philosophes pour son caractère fuyant, intime et faiblement partageable, qui le caractérise, le goût a été relégué au rang de sens “ mineur ” (une marginalisation qui remonte au moins à Platon et Aristote ). Bien qu’évalué par une culture basée forcément sur le visuel et l’acoustique et bien qu’exclu de la recherche théorétique et du débat épistémologique sur la perception sensorielle, aussi pour son excessive compromission avec les plaisirs charnels et l’affectivité, le goût réussit toutefois à réaliser au sein de notre vie quotidienne, un équilibre tellement parfait entre corps et esprit, besoin et désir, plaisir et connaissance qu’il en devient un objet d’intérêt philosophique et plus spécialement d’intérêt philosophique-linguistique, et encore plus généralement, cognitif (pour un développement plus approfondi sur la valeur cognitive du goût, cf. Cavalieri 2011). S’occuper de questions relatives au goût signifie aussi pratiquer une philosophie fondée sur le corps vivant et sensitif : en somme, une philosophie incarnée. Acte “ extrême ” de la connaissance, enraciné dans l’expérience corporelle, grâce auquel un sujet peut totalement assimiler un objet externe (la chose goûtée) jusqu’à ce qu’il devienne partie de lui, le goût est du reste, l’unique sens à exiger l’introduction en nous de particules du monde (cf. Le Breton 2006, chp. 8). C’est aussi la seule expérience sensorielle où sujet et objet sont transformés. Même si, sur le plan extrascientifique, le goût et les activités qui lui sont liées (manger, boire, déguster, cuisiner) peuvent sembler des sujets de discussions frivoles ou banales, ils permettent d’observer d’un point de vue insolite, des aspects de notre humanité où le langage occupe une position nullement secondaire et nous assure un accès à la connaissance du monde, absolument unique et spécifiquement humain.
2016
9782343097183
File in questo prodotto:
File Dimensione Formato  
La linguisticité gu goût.pdf

solo gestori archivio

Tipologia: Versione Editoriale (PDF)
Licenza: Tutti i diritti riservati (All rights reserved)
Dimensione 467.37 kB
Formato Adobe PDF
467.37 kB Adobe PDF   Visualizza/Apri   Richiedi una copia
Pubblicazioni consigliate

I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.

Utilizza questo identificativo per citare o creare un link a questo documento: https://hdl.handle.net/11570/3092813
Citazioni
  • ???jsp.display-item.citation.pmc??? ND
  • Scopus ND
  • ???jsp.display-item.citation.isi??? ND
social impact